Une interview du Dr Donatini

La racine du champignon, le mycélium, internet de nos sols forestiers 

La clé de la santé repose en tout premier lieu dans une absorption optimale de bons nutriments suffisamment métabolisés, grâce à une paroi digestive fonctionnelle, un transit ni trop ralenti ni trop accéléré, une lumière intestinale débarrassée de fermentations et de dysbiose. Outre une nutrition attentive et qualitative, une pratique sportive régulière, une bonne santé mentale, il est possible, voire recommandé,  de soutenir les paramètres de digestion, assimilation, détoxification, élimination, par des mycélia de champignons, idéalement poussés dans leur milieu naturel sur certains arbres pour bénéficier, en outre, des polyphénols et des fibres bienfaiteurs de leurs écorces (non sur une céréale contenant du gluten). Le mycélium est la racine du champignon et il possède des principes actifs encore plus puissants que sa partie aérienne. Aujourd’hui, la recherche se tourne vers des mycélia cultivés car il devient de plus difficile de trouver des champignons sauvages de qualité, avec des principes actifs non dégradés et indemnes de métaux lourds. De nombreuses études mettent à jour les capacités de ces aliments dans le domaine de la prévention, mais également dans celui de la prise en charge thérapeutique dans des domaines aussi variés que les troubles digestifs, la difficulté à concevoir, la dépression, le syndrome métabolique avec son cortège de dysfonctionnements (hypertension artérielle, hypercholestérolémie, diabète), la lutte contre l’inflammation, les maladies auto immunes et le cancer, le syndrome de fatigue chronique, les troubles du sommeil… Le Dr Donatini, qui a préfacé le livre « Les champignons comestibles, aliments d’avenir. Pour combattre les principales maladies d’aujourd’hui », nous présente quelques champignons et leurs actions bénéfiques.  

1. Dr Bruno Donatini, Diplômé en Gastro-entérologie et hépatologie, Cancérologie, Immunologie et Ostéopathie. Spécialisé dans la dysbiose intestinale et mesure des gaz d’origine digestive avec mise au point de nouvelles techniques pour les tests respiratoires aux sucres. Techniques échographiques et recherches d’infections virales spécifiques à la dysbiose. Spécialisé en Mycothérapie avec publications, conférences et congrès en France comme à l’étranger. Installé en médecine libérale depuis 2002. 

 (2) Jean-Marie Samori, Préface Bruno Donatini, « Les champignons comestibles, aliments d’avenir. Pour combattre les principales maladies d’aujourd’hui », Editions du Dauphin, juin 2014Le trio vainqueur contre les virus : le coriolus versicolor, le reishi (ganoderma lucidum) et le shiitaké

« Les trois champignons les plus importants pour notre santé aujourd’hui sont le Coriolus, le Ganoderme et le Shiitaké, car ils sont les champions de la lutte anti virale. Les moyens classiques de lutte contre les virus sont faibles aujourd’hui et pourtant la recherche établit chaque jour un peu plus des liens entre les maladies graves et les virus. Parmi les virus qui répondent bien à l’association Coriolus et Ganoderme, on trouve l’herpès, connu aujourd’hui pour être un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer. Ce virus, présent dans le cerveau et les nerfs des personnes infectées, est facteur d’inflammation. 
Les porteurs chroniques du virus d’Epstein-Barr (Mononucléose infectieuse, un autre herpès-virus) présentent souvent des angines à répétition, des sinusites infectieuses (et non pas allergiques), et peuvent être coinfectés par des  papillomavirus (virus qui peuvent aussi toucher le col de l’utérus), et présenter des parodontopathies, ce facteur étant un des premiers signes cliniques qui devra alerter.  La prise de Coriolus et Ganoderme (400mg par jour pendant deux à trois mois) en même temps que la correction d’une carence en vitamine D permet de diminuer par deux le taux de récurrence. En cas de résistance, il s’agira donc d’associer le Shiitake (200mg par jour) à ces deux champignons.
L’EBV est également un facteur de risque majeur dans les lymphomes, les myélomes, les leucémies et les cancers de l’estomac. La grossesse sera particulièrement surveillée car elle est un terrain à réactivation du virus en raison du principe d’immunotolérance de l’état de grossesse.  100% des patients atteints de Sclérose En Plaques sont porteurs d’EBV chronique avec une sérologie élevée. Le Ganoderme associé au Coriolus (400mg par jour) avec Shiitaké (200mg par jour) permettra de supprimer la réplication du virus EBV dans plus de 85% des cas. A chaque situation de vie où l’immunité est affaiblie (stress, infections, grossesse…), le virus risque de se réactiver.  Un prélèvement buccal et une analyse dite PCR pour rechercher la présence du génome sur une lésion peut être indiqué, en particulier en cas de gingivite. Un autre virus fréquent et sensible à ces trois champignons est le papillomavirus, facteur de risque majeur dans les cancers du côlon, du poumon, de l’œsophage, les cancers spinocellulaires, ceux de la vessie et de la prostate, ainsi que dans la survenue de polypes. Dans une étude (1) les HPV 16 et 18 (ceux qui sont responsables des cancers) sont éradiqués à 86% en deux mois par le Ganoderme et Coriolus associés, contre 0% pour le placebo. Même association pour un autre herpès virus impliqué dans certains cancers comme le cancer du cerveau (glioblastome), le cytomégalovirus (CMV). Ainsi, la prise du Ganoderme et du Coriolus augmente l’immunité et baisse la tolérance de la peau aux virus. Le virus est empêché dans sa réplication grâce à une immunité augmentée et une tolérance abaissée. La prise des mycelia devra se poursuivre pendant 2 à 3 mois, matin et soir, ensuite 2 fois par semaine une fois par jour. La disparition de la parodontopathie est un signe de la diminution de la présence virale. Il a été découvert récemment que des réactions très intenses à des piqûres d’insecte ou des allergies à des traitements sont une piste indicative pour rechercher les virus. Le virus sera toujours présent, mais sous une forme latente, sans risque d’inflammation chronique donc de cancérisation.
Il est probable que ces immunostimulants soient également efficaces contre d’autres virus.

  1. Etude randomisée portant sur 53 patientsReconstruire les tissus et les os : le Hydne hérisson ou crinière de lion (Hericium erinaceus), 

« C’est le champion de la régénérescence tissulaire et de la trophicité. Son action passe  par la stimulation du NGF (Nerve Growth Factor, facteur de croissance des nerfs) qui va stimuler à son tour les fibroblastes et ostéoblastes (construction osseuse), voire les chondrocytes (cartilages).  Il sera indiqué en cas d’ostéoporose, de fracture, de parodontopathie.  Ses propriétés d’anti inflammatoire digestif permettent de potentialiser l’absorption digestive, ce qui explique son action dans la protection osseuse,  la réparation de la muqueuse gastrique avec effet positif sur la constipation. Il est intéressant dans la dépression car, via son action digestive,  il améliore la synthèse de tryptophane, précurseur de la sérotonine dans l’intestin(1). Toujours à propos de la dépression, il est à noter que l’inflammation joue un rôle fondamental, peut-être supérieur à celui de la sérotonine. Il s’agira surtout, grâce au Hericium,  de stimuler le NGF qui va multiplier les connexions neuronales (synapses). Le Hericium est également un puissant inhibiteur d’Helicobacter pilori, une petite bactérie intra-gastrique à l’origine d’atrophie gastrique, d’ulcères et de cancers. Il agira, dans ce cas, sur la reconstruction de la muqueuse gastrique et participera à la baisse de l’inflammation. Par ce même effet trophique et anti inflammatoire qui optimise l’absorption digestive et réduit le risque de carences.  Le Hericium sera évité en cas de fibromyalgie car on assiste à une augmentation du NGF dans cette pathologie car il existe une atteinte des nerfs périphériques. Posologie : A prendre le matin, à raison de 400 à 600 mg par jour.»

(1) étude randomisée en aveugle et contre placebo sur 30 sujets  suivi durant 16 semaines à la dose de 250 mg trois fois par jour  Favoriser l’équilibre du système nerveux : l’armillaire couleur de miel (Armillaria mellea)

« Ce champignon contient de grandes quantités  de L-tryptophane, précurseur de la sérotonine, neurotransmetteur du calme. C’est donc un excellent régulateur de l’humeur par son action sur le système nerveux autonome. Il est indiqué dans des situations de stress, dans les troubles du sommeil, dans l’équilibre postural. Il régule la vidange estomac, c’est un anti nauséeux et anti vertigineux (1). Il a une action sur les dépendances, notamment celles liées à la sensation de l’estomac, avec tonus para sympathique insuffisant. C’est donc un excellent coupe- faim et un anti-stress. Il est recommandé dans le sevrage tabagique, et peut être utilisé en sevrage des benzodiazépines. Il peut être préconisé en cas de migraines, de douleurs de la mâchoire (ATM, articulation temporo-mandibulaire), des cervicales. Il participe à la vidange du foie et de l’estomac. Couplé à l’arrêt du gluten, il accélère le transit et lutte ainsi contre la constipation. L’armillaire protège également le cerveau contre l’ischémie.  Comme presque tous les champignons, il participe à la lutte anti tumorale, par diminution des lignées tumorales du sein, du côlon ou dans les leucémies. »

(1)Dans une étude comparative randomisée en double aveugle portant sur 131 patients, il fait jeu égal avec les antivertigineux allopathiques

Soutenir la fertilité, une action globale de plusieurs champignons

« Le soutien de la fertilité chez la femme passe par le rétablissement d’une ovulation naturellement équilibrée sur un plan hormonal et d’un utérus sain et suffisamment tolérant, sans oublier, le cas échéant, l’élimination des toxiques dont l’accumulation peut induire des fausses couches. Chez l’homme, la chasse aux toxiques environnementaux constituera un axe majeur. Une détoxification performante nécessite un foie fonctionnel, non entravé par une dysbiose chronique. La dysbiose pourra être évalué par un test respiratoire. En cas de dysbiose, le champignon Laetiporus associé à des huiles essentielles sera recommandé. Une nutrition équilibrée et vivante, ainsi que la pratique d’un sport seront deux paramètres incontournables d’un bon terrain, sans oublier la lutte contre le stress. Il faudra prendre en charge, le cas échéant, une stéatose hépatique (foie gras) : la NASH (stéatose non alcoolique), est de plus en plus fréquente, quasi plus dangereuse que la stéatose alcoolique car elle comporte plusieurs foyers épars, qui peuvent dégénérer.  L’inflammation hépatique, au-delà du risque de cancer, joue un rôle majeur dans le vieillissement prématuré, directement lié à la capacité reproductive : en effet, chaque ovulation réclame une cicatrisation (qui se fait grâce à un acide hyaluronique non dégradé) qui dépend directement de l’âge métabolique ainsi que de l’inflammation locale ou hépatique. Toute prise en charge dans la difficulté à concevoir passe par le traitement de l’inflammation hépatique. Il s’agira également de contrôler la dysbiose ou les infections virales chroniques. En cas de terrain auto-immun (thyroïde, maladies articulaires..), l’inflammation digestive sera atténuée par le Phellinus linteus.»

Référence :
Jean-Marie Samori, préface de Bruno Donatini,  Les champignons comestibles, aliments d’avenir, Pour combattre les principales maladies d’aujourd’hui, Editions du Dauphin, juin 2014.

Raïssa Blankoff

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=troubles-digestifs-immunodeficience-champignons