Pour qu’elle se déroule dans les meilleures conditions et que le bébé soit en bonne santé, une grossesse doit être préparée. Raïssa Blankoff intervient sur ce qu’il faut savoir avant d’entamer une grossesse 

Sur le plan digestif

Constipation, mauvaise digestion, colite… Les intestins sont la base de toute bonne santé. Pour certains, une simple cure de probiotiques pourra suffire alors qu’il faudra envisager de cicatriser la muqueuse intestinale pour d’autres. En ce qui concerne les femmes, rappelons que la qualité de la flore vaginale est directement en lien avec la flore intestinale. Il sera donc important de veiller à résoudre les éventuels problèmes digestifs.

Il est également conseillé de rechercher de possibles intolérances alimentaires. Les intolérances alimentaires comme l’intolérance au gluten (maladie cœliaque) peuvent jouer un rôle dans la stérilité1. Lors d’une étude, une femme souffrant de stérilité et d’intolérance au gluten a ainsi pu concevoir huit moins après avoir cessé de consommer des produits à base de gluten. Les chercheurs en ont conclu qu’il faudrait “rechercher une maladie cœliaque chez les femmes stériles dont on ne comprend pas la cause et qui souffrent d’anémie, car une modification de leur régime alimentaire peut résoudre leur problème de stérilité”2.
Enfin, il est important de veiller au bon fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire, s’assurer de ne pas souffrir de candidose ou de cystites chroniques. 

Sur le plan psychologique

Faites-vous accompagner par un professionnel de santé si vous présentez :

– Des troubles du comportement alimentaire : boulimie, anorexie, hyperphagie.

– Un stress élevé (calculez votre stress sur l’échelle du stress). Les couples infertiles ont tendance à être plus stressés que les couples féconds, ce qui suggère un effet négatif du stress sur la reproduction1.  Cela pourrait expliquer pourquoi les techniques de relaxation comme la méditation et le yoga se sont avérées bénéfiques2. Le stress au travail, associé à un stress familial, plus celui dû à une éventuelle difficulté à concevoir peut affecter la conception : un couple stressé par son travail, c’est un couple qui rentre plus tard le soir et qui n’a pas la tête aux retrouvailles amoureuses. Les couples infertiles ont souvent des rapports sexuels moins nombreux ou des rapports difficiles, ce qui complique la conception3.

– Des troubles de la sexualité : quelle est la fréquence des relations ? Les partenaires en sont-ils satisfaits ? Y a-t-il des dérèglements ou dysfonctionnements (douleur, inconfort, éjaculation précoce, etc.) ?

– Une addiction au tabac, au cannabis ou à l’alcool.
D’après une étude britannique réalisée sur plus de 17 000 femmes, plus une femme fume de cigarettes et moins elle est susceptible de concevoir4. Il faut environ 30 % de temps supplémentaire à une fumeuse pour tomber enceinte. La consommation de tabac influe sur le poids de l’enfant : pour chaque cigarette fumée, l’enfant perd 10g sur son poids de naissance et en moyenne 500g en fin de grossesse. Le tabac augmente les fausses couches spontanées : le risque est ainsi multiplié par 1,5 pour 15 à 20 cigarette/jour. Le tabac double aussi le risque d’accouchement  prématuré et augmente le risque que l’enfant devienne lui aussi nicotine-dépendant. Enfin, le tabac baisse la fertilité en baissant le nombre et la qualité des ovocytes. Il augmente le risque de grossesse extra-utérine qui est multiplié par 3 pour 20 cigarettes/jour et par 5, pour plus de 30 cigarettes par jour.

L’étude du Dr Alvarez3 révèle que les couples candidats à la procréation médicalement assistée consomment davantage d’alcool, de tabac (40% des femmes et 52% des hommes) et de cannabis (13,3% des hommes et 6,9% des femmes) que la moyenne. On voit que ces facteurs toxiques se retrouvent parmi beaucoup de couples stériles et qu’ils sont probablement l’une des causes de cette stérilité. 

Un bilan complet…

Sur le plan thyroïdien

Demandez à votre médecin un dosage de vos hormones thyroïdiennes car elles seront beaucoup sollicitées pendant la grossesse.

Sur le plan métabolique

Soyez attentive à votre poids. Le fait d’être en surpoids ou en sous poids peut contribuer à un problème d’infertilité1. L’hyperinsulinisme, observable notamment par un excès de graisses abdominales, est un facteur de problèmes importants au moment de la grossesse. Demander à votre médecin un dosage de votre glycémie à jeun et de votre hémoglobine glyquée (HbA1c) si vous êtes en surpoids et si vos proches présentent un diabète ou syndrome métabolique. Le bilan des acides gras peut être également très intéressant.

Sur le plan gynécologique

Si vous avez des kystes ou des ovaires polykystiques, vérifiez si vous ne présentez pas un syndrome métabolique avec insulino-résistance. Sachez que trop de graisse abdominale  entraîne un déséquilibre hormonal en défaveur de la conception. Consultez si vous suspectez des cycles anovulatoires, une endométriose, une salpingite (= inflammation des trompes de Fallope), un vaginisme, une ménopause précoce.
Faites dépister d’éventuelles infections. Les infections gynécologiques sont une cause majeure de stérilité2. Les infections à Chlamydia trachomatis sont les plus fréquentes et leur incidence a augmenté ces 10 dernières années. Non traitées, elles sont responsables d’un grand nombre de salpingites, de grossesses extra-utérines et de stérilité3.

Sur le plan immunitaire

Si vous souffrez d’une maladie auto-immune, il faudra veiller à un suivi sérieux.

Sur le plan dentaire

Faites vérifier votre bouche et vos dents et finissez les traitements avant la grossesse. Ne pas enlever les amalgames dentaires au mercure (ceux qui sont noirs en bouche) si ce n’est pas indispensable. Peu de dentistes aujourd’hui sont équipés pour ce délicat travail de retrait des amalgames et le coût d’une intervention en bonne et due forme est élevé. 

Tout ce qu’il faut faire avant d’entamer une grossesse

Vigilance sur les toxiques environnementaux

– Limitez votre exposition aux produits toxiques : aérez-vous le plus souvent dans des zones moins polluées, consommez des aliments biologiques, préférez l’emballage en verre plutôt que l’emballage plastique, utilisez des produits ménagers labellisés AB, des cosmétiques AB ou sans propyl ou butyl-parabène, des crèmes solaires sans OMC (octamethylcycloetrasiloxane D4), des déodorants et des dentifrices sans triclosan. Tous ces produits chimiques sont des perturbateurs endocriniens.

– Soyez vigilant dans le choix des matériaux de votre logement (peinture, revêtement du sol..)

 Evitez l’exposition aux métaux lourds (air et alimentation) : plomb, mercure (poissons), lithium, cadmuim

– Limitez dans la mesure du possible et en suivant les conseils de votre médecin les médicaments : antihypertenseurs (bêtabloquants, Clonidine), certains antibiotiques (sulfamides, Nitrofurantoïne), certains anti inflammatoires (Sulfasalazine)

– Ne vous exposez pas aux polluants radioactifs

Six mois sont nécessaires en moyenne pour concevoir. Il est recommandé de consulter un médecin au-delà de deux ans de tentatives infructueuses en dessous de 30 ans et après un an et demi si vous avez plus de 30 ans ou si l’un des membres du couple présente des facteurs de risques. Aucun bilan médical n’est recommandé avant un an. L’âge optimal pour la conception se situe entre 20-24 ans.
Bibliographie :  Menace sur la santé des femmes, Expositions aux perturbateurs endocriniens et danger pour la santé reproductive féminine,  WECF, éditions Yves Michel, 2012

Raïssa Blankoff

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=preparation-grossesse