Comme toute aventure, accepter d’échouer avant de commencer est une règle. L’échec fait partie du parcours, il en constitue le socle même. C’est en tombant qu’on apprend à marcher. Le défi de la réussite est mauvais conseiller en la matière du fait qu’il impose un stress majeur au candidat, ce qui est justement ce qu’il doit fuir de façon générale dans cette aventure. Il s’agira d’accepter d’expérimenter, de rater, de  recommencer, et encore de recommencer. Sachant que chaque recommencement sera différent du précédent. En pratique : 

  • Prendre conscience en sortant de l’automatisme : on sait aujourd’hui à quel point le geste du fumeur est automatique. Dès lors reporter l’allumage d’une cigarette d’une seule pensée permet de mettre une distance qui, si minime soit-elle, est déjà immense : j’ai envie d’une cigarette, je l’allumerai la prochaine fois que j’y pense et je me remets à faire tranquillement ce que je suis en train de faire : que ce soit dans 30 secondes ou 5 minutes importe peu, c’est la mise à distance qui est efficace. 
  • Prendre conscience en se posant des questions : avant d’allumer sa cigarette, s’arrêter un instant et se demander : pourquoi est-ce que je fume à cet instant précis ? Parce que je m’ennuie, parce que je suis stressé, parce que j’en ai très envie ou besoin, parce que je suis en bonne compagnie, parce que ça me donne un coup de pouce pour aller aux toilettes, parce que ça me donne l’inspiration pour écrire, parce que ça me détend, parce que c’est automatique, parce que je viens de m’engueuler avec mon collègue, parce que ?… Je ne sais pas. La réponse est secondaire. Ce monologue avec soi-même est susceptible de se transformer peu à peu en dialogue avec soi-autre, avec son autre moi : d’autres dimensions de votre être surgissent à votre insu et concourent à vous désengager. Vous n’êtes plus tout seul avec votre mental. Comme si retricoter le fil à soi (à soie) permettait de dénouer ces menottes-là.  Vos émotions s’en mêlent, vos capacités comportementales et cognitives se joignent à vos expériences, vous êtes peut-être amené à changer des choses dans votre vie, et si vous persistez encore un  peu,  même vos cellules reverront leur programme. Votre vibration sera modifiée. Vous ressentirez peut-être de la colère, du mépris, de la détresse, en  jouant avec votre  cigarette comme avec un autre miroir de vous-même  auquel un jour vous pourrez faire la grimace, tirer la langue, hausser les épaules, comme un autre âge de votre personne venu d’une ancienne planète et qui ne vous concerne plus. Sans prétendre évidemment à la vérité, peut-être cette proposition constituera-t-elle une invitation au voyage. Un voyage au centre de soi-même. 

Raïssa Blankoff 

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