La moitié des femmes ne regardent jamais leurs seins. Et encore moins ne les touchent. Pour une femme sur deux, le rapport à ses seins est compliqué, objet de peurs et de complexes. A tel point qu’elles oublient que tous les hommes aiment les seins de leur femme.

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Alors pourquoi tant de femmes n’aiment-elles pas leur poitrine ? Il y a le regard des autres qui semble peser lourd. Lourd de trop de désir ou de réprobation, d’indifférence ou de moqueries. Mais d’autres regards aident et encouragent. Celui de Valérie Supper, sage-femme libérale et maman, est de ceux-là : « Je me sens faite pour la transmission de femme à femme, c’est une évidence pour moi depuis très longtemps, d’où mon métier de sage-femme. Ainsi, je veux encourager les femmes à prendre soin de leurs seins, parce qu’il serait dommage de résumer le sein aujourd’hui aux seuls mots de crevasses, engorgement, vergetures, tension mammaire ou cancer. Il est si bon de prendre soin d’un sein qui déborde de vitalité. Vous arrive-t-il de choyer vos seins lors de vos longues séances quotidiennes d’ablutions dans la salle de bain? Il y a quelques générations les gens ne se brossaient les dents que le dimanche, on en est au même stade aujourd’hui avec les seins, ou moins encore. » C’est ainsi que Valérie a mis sur pied un atelier d’auto-massage des seins. Dans ces ateliers, les femmes apprennent à reconnaître l’anatomie du sein et de son système de soutien, l’auto massage et des exercices physiques localisés leur permettent de favoriser sa physiologie. Valérie anime également des formations continues pour les sages-femmes ou d’autres soignants amenés à toucher le sein dans leur pratique.

Les bénéfices sont nombreux : d’abord, plus de confort, un meilleur port, des sensations de plus en plus agréables au toucher. Les femmes sentent leurs seins plus présents, plus vivants, plus à leur place et bien placés, mieux acceptés, et leur conscience change. Le regard extérieur aussi devient moins déterminant. Elles remarquent que, selon le moment du cycle, ils changent de texture, ils se densifient, ils ont une autre tenue. « Plus on s’en occupe, plus on les aime, et plus on s’en occupe, voilà le cercle vertueux », souligne Valérie. Et de fait, on se tient mieux. Le massage pectoral aide le dos à se redresser. « Les femmes qui déambulent les seins en avant dans une attitude provocante, avec un décolleté excessif n’ont pas un meilleur rapport à leur seins, elles ne les trouvent jamais assez gros, jamais assez fermes. D’autres les cachent sous des vêtements ou en rentrant les épaules. L’atelier aide les femmes à renouer avec leur sein féminin, sensuel, sexuel ou nourricier, ou simplement attribut de la femme qu’elles sont. »

L’atelier a lieu à Paris, à l’espace Weleda, en individuel ou en collectif (5 femmes maximum). Chaque participante choisit son huile, d’argousier, de lavande, de rose, offerte. Installées derrière un paravent, espace clos préservant leur intimité, Marie-Claire, Marine, Joëlle écoutent et explorent .« La séance m’a vraiment relaxée, dit Marie-Claire, je me massais déjà les pieds mais je n’avais pensé aux seins. J’ai eu la maladie de Hodgkins, on m’a donc enlevé les ganglions, si on m’avait montré cela à ce moment-là, ça m’aurait vraiment soulagée, maintenant je vais bien en profiter. « J’ai bien aimé cet atelier, poursuit Marine, je n’avais jamais entendu parler de massage des seins, j’ai apprécié notre échange à la fin de la séance, c’est un sujet tabou, et entendre d’autres femmes s’exprimer sur ce sujet, change ma perception des choses. » Chacune repartira avec une petite plaquette très bien faite permettant de prolonger ces séances à la maison.

« L’auto-massage des seins que je propose permet de masser en conscience, ce n’est pas : je me tartine les seins à la crème et je les malaxe pendant que je pense à mon boulot », précise Valérie. Les mouvements se font au rythme de la respiration et des battements du cœur afin de favoriser, dans le sein, la circulation du sang et de la lymphe, du lait le cas échéant. Cette mobilisation rythmée concourt à nourrir et à détoxiner les cellules, elle dynamise les soutiens du sein composé de la peau, des ligaments suspenseurs qui agissent comme filet de soutien et des muscles pectoraux sur lesquels l’ensemble est posé. Le muscle pectoral est aussi massé pour soulager les tensions qui amènent les femmes à se tenir voûtées et ainsi cacher ou protéger leur poitrine qu’elles sentent menacée. Entretenir ce soutien gorge naturel est d’autant plus important que le port du soutien-gorge est prolongé (supérieur à 12H ou en cas d’utilisation de soutien-gorge pigeonnant qui rapproche les deux seins pour obtenir un décolleté plus charmeur). En effet, ce sous- vêtement agit alors comme un garrot et peut entraîner des stases et des congestions. C’est pourquoi, il est préférable d’en choisir un avec un bonnet non compressif, de juste dimension de tour de torse, avec la possibilité de le desserrer en fin de journée. Il est important d’acheter une marque qui corresponde à la forme du sein, et apprendre à trouver sa forme. Il est recommandé de ne pas en porter quand c’est possible. Si vous pratiquez un sport, veillez à avoir un soutien-gorge qui solidarise vos seins à votre buste pour amortir les secousses.

Toutes les femmes sont les bienvenues, de 12 ans à 99 ans : les adolescentes dont la poitrine naît, les femmes enceintes, les premières à en avoir profité pour soulager leurs tensions mammaires, les femmes soignées pour des cancers, les femmes allaitantes pour limiter d’éventuels engorgements, les femmes plus âgées dont la peau se fragilise. « J’ai vu tant de femmes prendre soin de leurs seins pendant l’allaitement et qui ensuite les oublient, c’est tellement dommage. Elles considèrent qu’ils sont devenus inutiles !». Recommandé aussi en cas de perte de poids rapide, l’auto-massage n’est cependant pas un auto examen du sein, mais permet, le cas échéant, de détecter des anomalies. Dans ce cas, il est impératif de consulter.

Valérie, des seins, elle en a vu des centaines, aucun ne ressemble à un autre, ils sont tous uniques, comme une oeuvre d’art. Et elle tente de transmettre cette idée capitale : « Beaucoup plus que le regard des autres, c’est le rapport à soi qui compte, et son propre regard sur soi change celui des autres ».

ï  Cours à l’Espace Weleda : 01 53 96 06 15. Du lundi ou vendredi de 12H à 14H, 45 minutes

Auteur : interview réalisée par Raïssa Blankoff, journaliste et créatrice du site www.lagrandesante.com