Le monde n’existe que parce qu’il est différencié en tout : il y a une infinité de couleurs qui, toutes mélangées, vireraient au gris uniforme, il y a une infinité de sons, de goûts, de pensées, d’émotions, et chaque vie est unique, absolument unique depuis le début des temps. Ce qui garantit notre intégrité de territoire et d’existence s’appelle barrière, frontière, peau, enveloppe, immunité, et sa fonction est d’assurer soit une imperméabilité, soit une perméabilité régulée avec grande intelligence. Un pays, s’il est enrichi par des échanges avec les pays voisins qu’il contrôlera finement, déclarera une guerre s’il se sent menacé. Et ce sera au plus fort gagne : s’il est envahi pour longtemps, il risquera de disparaître. Ainsi les guerres et les conquêtes du temps jadis et les grandes bactéries d’antan (la peste, la tuberculose…). Aujourd’hui, nous assistons sur un plan géopolitique à des guerres plus larvées, à des inclusions, nos frontières sont poreuses, le monde se mélange, l’autre ne se déclare plus, il se faufile, se déguise. La notion de « bon et de méchant » parfaitement identifiés n’a plus cours, ainsi, étrangement, en va-t-il de nos immunités : nos barrières intestinales malmenées par le stress, des nourritures manipulées par des toxiques, des procédés de transformation, des emballages, impactent nos muqueuses, déséquilibrent la flore, créent une hyperperméabilité, laissent passer des fragments toxiques, troublent le dépistage de nos centres d’alerte, brouillent les messages de communication entre nos cellules.  Les couleurs se mélangent, les sons se brouillent, nous prenons le risque de ne plus être tout à fait nous-mêmes quand nous sommes habités ou que nous hébergeons des aliens, des virus par exemple. Ceux-là sont entrés, savent se faire discrets pendant longtemps, réapparaître au moindre affaiblissement, ils sont ensuite capables de prendre les commandes, tôt ou tard. Nombre de textes philosophiques et religieux considèrent la séparation (qui en hébreu signifie également le sacré) comme la clé de voûte de la vie, opposée au chaos. Ainsi d’ailleurs commence la Genèse : Dieu, pendant 6 jours, sépare. Et crée selon les espèces. L’immunité de l’humanité, qui est adaptative, s’est modifiée au cours de l’histoire. Que nous dit-elle de notre évolution, voici l’éclairage du Dr Donatini. 

Nous vivons aujourd’hui dans un monde à l’immunité hyperperméable

Le monde ancestral, celui qui a forgé notre immunité, était un monde de petites communautés, souvent isolées, limitées dans leurs échanges avec l’extérieur, et donc  peu propices à la dissémination des agents infectieux. L’immunité de base était forte, il n’y avait pas d’immunosuppresseur (comme par exemple les corticoïdes ou le stress chronique), et il y avait de nombreux immunostimulants, par exemple le contact étroit avec la terre et les animaux, dont les bactéries ne sont pas pathogènes pour l’être humain. Dans ce monde qui privilégiait le contact avec un environnement naturel non pollué, prédominait l’immunité dite TH1, antivirale et tumorale forte. Aujourd’hui, dès la naissance, nous sommes mis en contact avec de très nombreuses personnes venus des quatre coins du monde, et donc en contact avec des agents infectieux très divers : hôpital, crèche, transports en commun, voyages. Nous prenons beaucoup plus de bains de microbes qu’auparavant : baignoires, piscines, où pullulent des agents possiblement pathogènes, alors que, nus, nous sommes dans un état plus particulièrement vulnérables. Les températures élevées permanentes comme le chauffage, ou la circulation d’air vicié des climatisations, sont aussi des facteurs de prolifération bactérienne. Par contre, nous oublions de respecter nos propres défenses intelligentes, la sudation ou la fièvre par exemple, excellents traitements antiviraux. Plus les immuno-suppresseurs sont présents, plus les bactéries deviennent pathogènes, et nous souffrons clairement aujourd’hui d’une absence d’immuno-stimulation. Nous sommes beaucoup plus souvent agressés, parfois sans nous en rendre compte,  et nous ne parvenons pas à nous défendre car nos agresseurs se sont de plus en plus spécialisés. Ils profitent largement de la promiscuité, de la température constante et de la présence de l’eau. Ce contexte favorise l’émergence de germes de plus en plus sophistiqués qui perturbent notre immunité. Par opposition au contact avec la nature. Je dirais que plus on sort de la nature, moins on est performant pour se défendre. Mirabeau disait : l’entassement des hommes comme l’entassement des pommes produit la pourriture. Et comme le nombre de personnes pluriinfectés ou plurivirusés, même sans qu’ils le sachent (SIDA, papillomavirus, herpès …) augmente sans cesse, avec de plus en plus de promiscuité, l’immunosuppression gagne partout. Un virus persiste toute la vie et est un immunosuppresseur majeur. On ne s’en débarrasse jamais. Le mélange des genres est chose imprudente. Auparavant, les gens se protégeaient beaucoup plus : vous étiez malade, vous restiez chez vous pour ne pas contaminer les autres, les femmes avaient leurs espaces privilégiés, on ne se baignait pas dans le bain d’un autre… Autre exemple, la vaccination qui est un coup de massue sur le système immunitaire, elle devrait être beaucoup plus parcimonieuse. Ce qui est étonnant, c’est que le sentiment de préservation qui était dominant est devenu quasi évanescent, c’était autrefois l’objectif premier. Notre monde encourage et appelle de ses vœux la non-discrimination, il encourage la dimension de l’interpénétration, qui découvre un tableau de populations polyvaccinées, polyinfectées, polyvirusées, au lieu de mettre l’accent sur la prudence.  Ainsi nous avons changé d’immunité.

Dans le passé, majoritairement équipés d’une immunité TH1, nous avons basculé aujourd’hui, dans le monde moderne, vers de plus en plus d’immunité TH2 dont par exemple les allergies, voire, vers des immunités TH17, source de maladies autoimmunes et dégénératives. 

Tentons d’imager le propos pour mieux comprendre : l’immunité dite TH1 était spécialisée contre les grands agresseurs, comme un gladiateur se lance contre son ennemi ; s’il n’a pas ce grand combattant face à lui, s’il est prisonnier, il va chercher à s’occuper, il va écraser des petits ennemis : une mouche sur le mur, ou une araignée au sol. C’est l’allergie, l’immunité TH2. Voici ce qui se passe si l’immunité TH1 n’est pas stimulée. Si sa cellule est totalement vide, s’il n’y a personne en face de lui pour le stimuler, il ne lui reste que lui-même avec qui se confronter. Ce processus signe le début d’une autodestruction, d’une autoimmunité, dite immunité TH17. Cependant, la nature a prévu beaucoup d’intermédiaires, sortes de tampons régulateurs, pour donner des chances de moduler ce processus, comme des petits tremplins qui permettent de ne pas rester bloqué, de rebondir. L’immunité n’est pas figée, sa souplesse permet de revenir en arrière. Il existe des régulateurs, dont un majeur appelé le Treg (T régulateur) qui va protéger l’organe contre un excès de réaction inflammatoire. Le Treg bloque la réaction inflammatoire contre le virus, par exemple la grippe, ou contre une maladie autoimmune, mais, par là même, car on ne peut pas vouloir tout et son contraire, il bloque aussi les agents protecteurs du corps comme ceux qui protègent du cancer, ce qui explique que quand le Treg est actif, il favorise, par définition, la survenue d’un cancer. Le Treg fait office de police interne mais il ne résout rien, il empêche juste le conflit d’avoir lieu. On pourrait le comparer aux Casques Bleus des Nations Unies… Finalement l’intrus est protégé, le Treg fait en sorte d’interdire de le détruire, pendant ce temps une tumeur possible grossit. Notez bien que la fièvre, si souvent pourchassée, fait baisser les Treg. Les liens entre virus et cancer font l’objet de nombreuses études et des traitements antiviraux sont actuellement testés sur des cancers, avec un certain succès. Pour dire les choses en une phrase, plus on tolère un virus à l’intérieur de soi, plus on est susceptible de développer des maladies graves comme les cancers. La lutte contre l’immunosuppression est la solution. Elle commence dans la bouche.

Suivons la piste du banal et du quotidien : gingivites, gastros, herpès, c’est suffisamment grave pour qu’on s’en occupe sans tarder. Quelques exemples.

La gastro entérite aiguë souvent due à des virus, adenovirus ou coxsackie virus, a souvent des conséquences à ne pas négliger. Ces virus sont susceptibles d’engendrer des séquelles de malabsorption, origine des carences et des dysfonctionnements métaboliques. Leur présence peut ensuite induire soit des fermentations excessives, à cause de l’atteinte de la muqueuse digestive qui perd ses capacités d’absorption des glucides, avec prise de poids et syndrome métabolique, soit un défaut d’absorption de  certains nutriments, ce qui engendre maigreur et grande fatigue. On peut assister à une atteinte de la muqueuse duodénale, voire, à terme, à une atteinte pancréatique. Si l’immunité est chancelante au départ, le virus s’active et la maladie apparaît.  

L’herpès signe un terrain immunitaire globalement fortement déprimé. L’herpès qui s’exprime sous forme de bouton de fièvre à la jonction de la muqueuse et de la peau, buccal ou vaginal, n’est pas une expression à prendre à la légère. C’est un facteur de risque de la maladie d’Alzheimer. Il augmenterait le risque de poussées de sclérose en plaques également.  Il signale la nécessité d’un traitement immuno-stimulant.  Une fois entré, il ne sortira plus, cependant il est possible de le désamorcer. D’ailleurs, vous avez sûrement remarqué qu’il se réveille quand vous êtes fatigué, quand votre immunité faiblit. 

La gingivite signe une immunité digestive, et donc générale, en souffrance. La bouche est le reflet de notre immunité. Une gingivite ou maladie parodontale est signalée par des saignements, même au brossage des dents, même un peu, par la découverte des collets (gencives qui remontent) ou finalement par des dents branlantes, voire déchaussées. Cette maladie, car c’en est une, est induite par des virus en bouche, EBV/mononucléose ou CMV par exemple, source de gastro-entérites et de bronchites aiguës avec réinfestations aussi fréquentes que l’herpès simple. La maladie parodontale est aujourd’hui considérée comme un facteur de risques de certains cancers : lymphomes, cancer du rein, du cerveau, de l’estomac, leucémies. Il est essentiel de la traiter par des immuno-stimulants. Parfois, des prélèvements buccaux sont utiles : dans la bouche on peut trouver le papillomavirus, cause de nombreux cancers ORL et de l’utérus, mais également du côlon, les virus EBV et CMV qui donnent notamment de grandes fatigues, l’herpès, qui signale les patients à risque. La polyarthrite rhumatoïde, les maladies autoimmunes de la thyroïde, la sclérose en plaques, le psoriasis, peuvent parfois être prédétectés dans la bouche, tant la flore buccale est le reflet fidèle de la flore gastro-duodénale. En effet, l’être humain est, comme la plupart des autres mammifères, un animal qui souffre de reflux gastroduodénal. Dans la bouche, il sera accordé une attention particulière aux métaux qui peuvent être source d’intoxication si les courants électriques dits galvaniques sont intenses et créent un effet pile en bouche, d’autant plus probable en cas de dysbiose : en effet, les bactéries produisent par elles-mêmes des courants amplifiés lors de leur passage par l’estomac et l’oesophage vers la bouche. Plus il y a de bactéries, plus les courants seront forts.  Un reflux acide va favoriser l’atteinte des amalgames, créant des réactions toxiques acide-métal. Il est intéressant de mesurer le pH buccal grâce à de petites bandelettes en comparant le prélèvement salivaire antérieur et postérieur de la bouche, le fond devant être plus alcalin (environ 6,5) et l’entrée plus acide (moins de 6) puisqu’ elle est moins lessivée par la salive basifiante.  Si le fond de la bouche présente un pH plus acide, il sera utile vérifier l’existence d’ un reflux gastro-oesophagien. La bouche est le premier lieu à visiter pour mener à bien une enquête immunitaire. 

La dysbiose, la stase gastrique, la stéatose hépatique sont les premières batailles à livrer pour gagner la guerre contre l’immunosuppression.

En cas de stase gastrique associée souvent à un reflux duodéno-gastrique impliquant une flore buccale déséquilibrée ou la présence de virus en bouche, nous assisterons à une malabsorption avec ballonnements, troubles du transit, prise ou perte de poids. Tout symptôme buccal ou toute colopathie est un signe d’appel pour rechercher des virus et pour une prise en charge de l’immunité. L’objectif : éradiquer la présence en la bouche des virus, et maintenir cette éradication. Comment faire ? Des études montrent — et d’autres sont en cours —  que certains champignons comme le ganoderme, le coriolus versicolor et le shiitaké pour la bouche (le mycélium du champignon) sont capables de supprimer la réplication de certains virus comme le CMV et EBV, et EBV dans les muqueuses.  La durée du traitement varie de deux mois à un an. Il sera suivi d’une phase d’entretien de sept jours par mois.  Dans ce cas, la capacité d’expression du virus est réduite à néant, il ne peut plus contaminer d’autres organes ou atteindre le système nerveux central ou les cellules immunitaires. On assiste à un retour de l’immunité TH1, à une baisse de progression de la maladie auto-immune ou du cancer, parfois jusqu’à son inexpression.  Ce traitement respecte les défenses naturelles et même, les amplifie.

Source :
1. Dr Bruno Donatini, Diplômé en Gastro-entérologie et hépatologie, Cancérologie, Immunologie et Ostéopathie. Spécialisé dans la dysbiose intestinale et la mesure des gaz d’origine digestive avec mise au point de nouvelles techniques pour les tests respiratoires aux sucres. Techniques échographiques et recherches d’infections virales spécifiques à la dysbiose. Spécialisé en Mycothérapie avec publications, conférences et congrès en France comme à l’étranger. Installé en médecine libérale depuis 2002. Les champignons comestibles, aliments d’avenir. Pour combattre les principales maladies d’aujourd’hui. Jean-Marie Samori, Préface du Dr Donatini. Editions du Dauphin. Juin 2014. 

Raissa Blankoff

https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Dossiers/DossierComplexe.aspx?doc=rempart-immunitaire-donatini