L’homme, depuis le tout début de son existence, a été amené à bouger sans cesse. Du matin au soir, du lever au coucher du soleil, il pousse, tire, marche, court, se penche, se tourne, soulève, porte. Chaque action, chaque geste demande force, précision, habilité, concentration.  Le plus souvent, sa survie en dépend. Il y a seulement quelques dizaines d’années – et c’est encore le cas aujourd’hui dans de nombreux pays du monde – tous les travaux du quotidien nécessitaient un investissement physique permanent : aller chercher l’eau, broyer les aliments, tirer les bêtes, laver le linge, chercher le bois, faire commerce. Le mouvement faisait corps avec l’homme, indissociable de la vie. Petit à pays, la technologie aidant, nous avons été amenés à bouger de moins en moins : transports, ascenseurs, machines à laver, machines agricoles, ordinateurs et j’en passe. Voici la journée type d’un occidental moyen : au lever, je fais quelques pas dans mon appartement, je sors de chez moi en prenant l’ascenseur, je fais trois pas pour trouver ma voiture que je gare à côté du bureau. Je reste assis toute la journée, je bouge à peine à la mi-journée, retour à la maison dans les mêmes conditions. Trois pas pour faire le dîner, et hop télé ou ordi et je me couche. Ah oui, mais il sent que, petit à petit, il prend des kilos et puis qu’il a mal au dos, et puis son médecin lui dit de faire du sport, alors bon an mal an, il prend de bonnes résolutions et cherche un club de sports. La machine commence à rouiller, il faut de l’exercice, l’entend-ton dire.

Son MP3 dans les oreilles, au milieu d’une circulation infernale et dans une pollution maximum, le jogger vous bouscule en passant.  Dans  la salle de sport remplie d’appareils en tous genres, version moderne des instruments de torture, le voilà qui décompte ses pompes, ses abdos, en attendant que vienne enfin la fin de l’heure d’exercice, la « happy hour »où il pourra aller s’envoyer une bonne bière pour se féliciter de ses efforts. Jetez un œil  par-dessus le mur du collège à l’heure de la gym, elle est loin la course dans les bois, au moindre rhume on se fait dispenser,  ils sont loin  les ébattements dans la rivière,  remplacés par la piscine, et sa cohorte de jeunes filles qui ont subitement toutes leurs règles en même temps. Vous avez très fièrement inscrit vos enfants au cours de gym artistique féminine ? et bien je vous conseille d’y regarder d’un peu plus près : pour assouplir y a qu’à pousser, le grand écart, ça se force,  la respiration, maîtresse du mouvement,  n’a, sauf exception, aucune place.  Le corps semble à tel point déconnecté de l’esprit dans la plupart des pratiques actuelles que ça fait mal rien que de les regarder. L’attention à la respiration est la grande absente de l’exercice physique et pourtant elle en est la clé, quelles qu’elles soient, les grandes traditions et grandes civilisations le savaient depuis longtemps. L’attention au corps, à ses courbes, à ses plis, à  son langage, à ses tensions, à ses palpitations, à son souffle, à  ses raideurs, à ses peurs, à ses fourmillements, à ses ballonnements est totalement ignorée. (ceci excepté pour les pratiques corporelles traditionnelles comme le yoga, taïchi, Qi gong…). Et pourtant c’est la clé pour progresser, se faire plaisir et faire plus ample connaissance avec lui-même.

Délier son corps, apaiser son esprit, grâce à notre bienveillante attention

Imaginez de vous poser un instant dans le silence pour reprendre contact avec votre respiration, dans le silence. Fermez les yeux, soyez un temps avec vous-même. Entendez le souffle d’une autre personne, ou l’oiseau sur l’arbre, ou le bus qui passe, avez-vous chaud ? froid ? vous sentez-vous bien ? détendu ? oppressé ? avez-vous mal quelque part ? Commencez à bouger comme bon vous semble, comme vous en ressentez le besoin, couché, debout, recroquevillé, étiré, massez-vous le visage, tirez-vous les oreilles, frottez-vous les pieds, caressez vos bras, votre ventre, arrêtez-vous, sentez-vous, imaginez votre colonne vertébrale, sa fluidité, tirez la langue, soupirez, haussez les épaules, dansez, sautez. Chaque jour, faites quelques postures, comme vous prenez une douche, dévalez les escaliers, marchez jusqu’à votre travail, ou faites-en juste un bout. Pas seulement les jours de beau temps. La pluie, le vent, le brouillard nous ramènent aussi à la respiration de la terre qui nous porte tous.

Faites l’expérience suivante : un jour à l’état de « nature » : pas de transports, pas de machine : marchez, faites votre vaisselle à la main, lavez quelques pièces de linge, montez les escaliers, interdisez-vous d’allumer votre ordinateur, votre télé, votre téléphone. Retrouvez votre corps tel qu’il a été fait pour vous servir.

Et si vous avez des douleurs, des raideurs, de l’arthrose, de l’arthrite, prenez chaque jour le temps de vous allonger par terre ou sur une moquette ou sur un tapis de sol, de ressentir le contact de vos articulations avec la terre, déposez-vous, laissez-vous porter,  faites quelques grandes respirations : on gonfle le ventre, le thorax, les clavicules, on vide tranquillement la zone haute, puis la zone du milieu, puis la zone abdominale. On s’écoute et on s’étire comme bon il nous semble. Bien sûr, il est excellent de pratiquer le yoga, sachant qu’il y a autant de yoga que de professeurs : les techniques sont nombreuses, les écoles aussi, les personnalités encore plus. Vous préférez le taïchi, le Qi gong, la méditation de Pleine Conscience, ou d’autres propositions souvent déclinées sur ces classiques (Pilates, stretching postural, Feldenkrais, ..), toutes ces pratiques sont à recommander vivement. Choisissez un professeur qui vous plaît, un lieu qui vous convient, une ambiance qui vous agrée, un horaire qui est facile pour vous, une situation géographique qui ne vous oblige pas à perdre trop de temps. Tous ces éléments sont importants, autant que la pratique elle-même. Mais souvenez-vous : comme vous vous brossez les dents deux fois par jour, réservez au moins deux moments dans la journée pour prendre soin des besoins de votre corps. Vous pouvez également facilement et gratuitement profiter des modules balados sur www.passeportsante.net. Une pratique quotidienne améliorera d’autant votre qualité de vie. Essayez, vous ne pourrez plus vous en passer !

Raïssa Blankoff 

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