Notre transpiration a plusieurs fonctions importantes dans notre corps, notamment de réguler sa température et d’éliminer certains types de toxines. Elle signale aussi la carte d’identité de nos odeurs corporelles, ce qui joue un rôle non négligeable, dans la communication intime notamment.

Les déodorants, qu’ils soient sans paraben, labellisés AB ou classiques, nuisent à ces trois grandes fonctions. Et les conséquences sont majeures. Laissez votre corps respirer, voici pourquoi :

Commençons par ce geste si quotidien, quasi automatique, le petit pschitt sous les bras tous les matins. Ces fragiles endroits qu’on appelle les aisselles (si vous voulez tester leur sensibilité faites-y vous chatouiller….) sont notamment chargés d’évacuer certaines de nos poubelles. Ce que nous mangeons, buvons, respirons, est métabolisé par nos organes pour produire des substances, de l’énergie et, nous semblons l’oublier, des déchets. Ils sont évacués par les intestins (selles), les reins (l’urine), les poumons (gaz carbonique) et la peau (la transpiration). Le corps est capable de faire le tri des poubelles et de les évacuer par différentes sorties selon leur composition. L’utilisation d’un déodorant gêne la sortie principale de notre transpiration. En gros, c’est comme si à la maison, le tri des poubelles fait, vous considériez que la poubelle jaune qui sent trop mauvais doit rester à l’intérieur pour ne pas incommoder les passants. Bref, vous préférez garder ces ordures-là, provenant principalement de la dégradation des protéines, à l’intérieur de vous.  En mettant votre déodorant chaque matin, et parfois plusieurs fois par jour pour certains d’entre vous, vous bouchez les trous de sortie à l’endroit du corps prioritairement destiné à la transpiration (puisque, heureusement, nous transpirons de partout, avec des endroits de prédilection comme les pieds par exemple, endroits qui varient également selon les personnes). Ou tout du moins, vous agissez pour transpirer moins ou autrement. La poubelle se stockera dans votre corps, en attendant d’être prise en charge par les reins, qui accuseront, le cas échéant, une surcharge. Autre inconvénient majeur, notamment pour les femmes : la pénétration de produits chimiques près du sein, jusque dans le sein et dont on connaît encore mal les effets aujourd’hui, mais dont on peut dire d’ores et déjà qu’ils ne sont pas spécialement les bienvenus. Donc si vous voulez être « propre » dedans, videz la poubelle ! 

Par ailleurs, les odeurs émises par notre transpiration sont des signaux en direction du monde extérieur, c’est notre parfum absolument personnel, comme les fleurs en produisent également pour attirer les insectes pollinisateurs. Et les odeurs des fleurs sont parfois pour nous simplement nauséabondes, tout dépend du nez qui se met dedans… Au cours d’une expérience aujourd’hui bien connue, on a demandé à des femmes de sentir un certain nombre de tee-shirts où différents hommes avaient amplement transpiré. Elles devaient ensuite indiquer les odeurs qui leur plaisaient et celles qu’elles jugeaient repoussantes.  Ensuite, on a comparé les attirances des couples, pour finalement tirer la conclusion suivante : j’aime ton odeur, je suis attirée par toi. Sans que nous nous en rendions compte, notre transpiration, notre odeur corporelle transporte des messages hormonaux, signant de façon quasi indélébile nos attirances sexuelles. En nous aspergeant de déodorants et de parfums, nous masquons nos odeurs, faisant perdre la piste aux nez les plus fins.   

Et si votre propre odeur vous est désagréable, de deux choses l’une : soit, il s’agit de revoir votre métabolisme général parce que vos intestins et vos reins ne font pas correctement leur travail d’évacuation, délestant sur vos filtres une trop grande quantité de toxines (si votre entourage se plaint des odeurs), soit vous manifestez un rejet de votre propre odeur là où personne ne s’en plaint, et il sera intéressant de savoir si vous avez succombé à la toute- puissance d’une hygiène à outrance très en vogue aujourd’hui, ou si vous avez du mal à accepter votre propre odeur qui pourtant dit tant choses sur vous-même.

Notre transpiration régule notre température. C’est pourquoi, par exemple, quand nous avons de la fièvre, il est si important de beaucoup boire pour pouvoir beaucoup transpirer afin de faire baisser la température du corps. Ou bien, autre exemple, quand il fait très chaud ou quand nous bougeons beaucoup, donc quand nous sommes dans des situations générant davantage de transpiration, c’est justement là qu’il faut laisser le corps transpirer sans déodorant.

A contrario, quand nous avons du mal à transpirer, comme quand il fait froid, il s’agit justement de ne pas nous empêcher de transpirer, même si c’est juste un petit peu. Ainsi, le sauna en hiver est bien recommandé (sauf contre-indications médicales), puisque pendant les mois froids, notre transpiration est moins sollicitée ;  ce sera donc l’occasion de sortir les poubelles, alors même que le temps ne s’y prête pas.

En pratique, un gant et savon font parfaitement l’affaire, la pierre d’alun est une bonne variante car très douce et peu agressive. Pour ceux qui n’envisagent pas une vie sans déo (n’oubliez pas que pendant des millions d’années, les hommes ont vécu sans cela), vous aurez tout intérêt à en acheter un de type Weleda (bio, au citron par exemple) ou, si vous désirez varier, un déo labellisé AB – il y a l’embarras du choix en magasin bio –  en attendant de pouvoir vous en passer. Et si vous osez encore dire : « oui, mais les déos bio ne sont pas assez efficaces… » eh bien, c’est justement cela qu’on recherche, donc, c’est comme la cigarette, une fois que vous aurez perdu l’habitude du geste, vous n’y penserez même plus. En bonus, une petite économie tous les mois, et quelques grammes en moins dans vos bagages. L’atout majeur : un corps plus « propre » et des échanges métaboliques clairement améliorés.

Raïssa Blankoff

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