Selon le Docteur Danielle ROUX-SITRUK, docteur en pharmacie, rédactrice en chef de la revue « La phytothérapie européenne ». Proposé aux Rencontres des médecines alternatives et complémentaires, Hôpital Tenon, octobre 2013.
La prise en charge phytothérapeutique aura pour objectif de soutenir le terrain psychique du patient, et ceci notamment à travers la série de symptômes spécifiques des états dépressifs.
Symptômes de la dépression
- Tristesse très douloureuse
- Perte d’intérêt
- Fatigue dès le réveil
- Ralentissement général et intellectuel
- Difficultés de concentration
- Sommeil non réparateur
- Anxiété latente
- Sentiment de dévalorisation
La dépression dite légère ou modérée peut bénéficier de cette prise en charge, quand les symptômes sont transitoires (coup de cafard, déprime..) ou isolés, par exemple lié à un événement traumatique de la vie (deuil, séparation..). Cette prise en charge peut, le cas échéant, s’avérer suffisante et éviter un traitement chimique. Il est aussi parfois possible d’envisager la prise complémentaire de phytothérapie avec un traitement médicamenteux afin d’en améliorer les effets par exemple.
- LES PLANTES A ACTION ANTIDEPRESSIVE (action IRS/ inhibition de la recapture de la sérotonine ou IMAO)
Ces plantes peuvent présenter, en plus de leur action antidépressive, des effets anxiolytique, spasmolytiques, adaptogènes.
- La plus connue, la plus reconnue : le millepertuis (hypericum perforatum, sommités fleuries) ou herbe de la Saint Jean
Le millepertuis a fait l’objet de nombreuses études cliniques versus placebo et antidépresseurs de synthèse. Cette plante est très riche en principes actifs (hypericine, hyperforine).
- Elle agit par inhibition de la recapture de la sérotonine (comme les antidépresseurs IRS), de la dopamine, de la noradrénaline, du GABA et donc permet de relever les taux de ces neurotransmetteurs indispensables à une bonne santé psychique. Elle aurait aussi un effet mélatoninergique (augmentation du taux plasmatique de la mélatonine, neurotransmetteur du sommeil).
- Ses effets secondaires adverses sont rares : troubles digestifs, réaction de photosensibilisation possible par exposition au soleil.
- Attention cependant aux interactions médicamenteuses : sa prise est limitée et demande un avis médical simultanément avec les antirétroviraux, la digoxine, la théophylline, les anticoagulants, les immunosuppresseurs, certains contraceptifs oraux, les antidépresseurs IRS…
- La posologie conseillée est de 600 à 900 mg d’extrait sec hydro alcoolique titré à 0,2% ou 0,3% d’hyperhyricine et 3 à 5% d’hyperforine en 2 ou 3 prises pendant 3 mois. La prise sous forme de totum (la totalité de la plante) est recommandée, sachant que le tout vaut toujours plus que la somme des parties.
- A noter que la prise d’antidépresseurs de synthèse exige de l’organisme une quantité de zinc non négligeable qui ne sera plus disponible pour fabriquer de la sérotonine. Il sera utile de doser le zinc dans le sang et d’augmenter sa consommation d’aliments riches en zinc ou de complémenter en biothérapie.
- Ancien, très cher, très recherché : le safran (crocus sativus, stigmates)
Le prix très élevé du safran s’explique par la quantité de stigmates nécessaires à la fabrication de principes actifs : 170.000 stigmates pour un kg de safran ! L’Iran est le plus grand producteur mondial. Le safran se conserve mal, ce qui augmente sa valeur. Il est contient des caroténoïdes (pro vitamine A) et un élément amer, et une huile essentielle riche en safranal. Son action IRS est confirmée par de nombreuses études.
- Le safran possède une action antidépressive, en plus d’indications antalgique et anti-inflammatoire. Ce sont le safranal et la crocine qui inhibe la recapture de la sérotonine. Il est particulièrement intéressant dans l’accompagnement des troubles sexuels liés aux antidépresseurs.
- Attention, à forte dose, il est abortif et toxique.
- Il est recommandé de le prescrire en 1DH : 50 gouttes matin et soir diluées dans une infusion de mélisse. Il sera recommandé de bien veiller à la qualité et à la provenance du safran. Sinon, la dose usuelle sera de 30mg par jour (ne pas dépasser 1,5 gr par jour)
- Ses effets indésirables sont très peu nombreux : il est contre indiqué à la femme enceinte en raison de possibles augmentations des contractions utérines
- Comportements compulsifs et obsessionnels, le griffonia (griffonia simplicifolia)
Il est surtout utile dans les troubles du comportement alimentaire et l’anorexie.
- Les plantes complémentaires pour juguler les symptômes des états dépressifs
- Pour la tacchycardie et les états dépressifs de la ménopause : l’aupébine (craetagus oxyacantha)
- Pour les troubles du sommeil : l’escholtzia, l’aubépine, le houblon
- Pour l’anxiété : la passiflore, la mélisse
- En cas de réveils précoces : le tilleul (tilia tomentosa bg bourgeons) : actif à toutes petites doses, autorisé aux enfants à partir de 6 ans, aucune contre-indication, même pour les femmes enceintes. Intéressant dans les cas de
- En cas de reflux gastro-oesophagien associé Le figuier (ficus carica Bg)
- Les plantes adaptogènes, un accompagnement salutaire dans la gestion du stress
- La rhodiole ou orpin rose (rodiola rosea) : c’est un rhizome (racine) qui sent la rose. La fleur est très belle.
- Cette plante est utilisée chez sportifs, en prévention du stress dont elle augmente la résistance et aussi parmi les cosmonautes. Elle améliore les fonctions cognitives, la mémoire et la concentration et est souvent recommandée aux étudiants. Elle donne de bons résultats en association avec les antidépresseurs et les anxiolytiques.
- Psychostimulante, elle est doit être prise le matin.
- Elle est contre-indiquée en cas de troubles bipolaires, de grossesse, d’allaitement
- Le ginseng est particulièrement recommandé dans les troubles cognitifs liés aux états dépressifs
- Les huiles essentielles : en massage sur des points d’acupuncture ou en inhalation : lavande vraie, ravintsara ylang- ylang. L’huile essentielle de camomille romaine ou noble (chamomilla nobile) est particulièrement relaxante, antistress et indiquée dans les chocs nerveux. Elle peut être utilisée sur la peau ou par voie orale dans un peu de miel. La voie inhalée est très intéressante car le poids moléculaire très faible permet aux fragrances de s’insinuer jusqu’au bulbe olfactif.
Toutes ces plantes présentent des effets indésirables, voire des contre-indications, il faut prendre avis auprès d’un médecin ou pharmacien.
- Les traitements associés : tisanes, oligo-éléments, minéraux
- Boire 1 litre et demi d’eau par jour, à chaque comprimé, un verre d’eau. Tisanes à volonté.
- Oligo-éléments : le cuivre, l’or, l’argent (le matin dans la dépression) 3 fois par semaine)/ le lithium, le magnésium
- Le zinc : nécessaire à la synthèse de la sérotonine et du gaba (prise le soir), les traitements antidépresseurs détournent le zinc.
- Fiche pratique
- Nutrition : augmenter les acides gras polyinsaturés (oméga 3) : poissons des mer froides, huiles de colza, de noix. Chocolat.
- Micronutrition : vitamines du groupe B, tryptophane
- Phytothérapie : millepertuis, extrait sec ES 600 à 900 mg en 2 ou 3 prises
- Oligothérapie : Le matin cuivre or argent 3 fois par semaine à alterner avec des granions de zinc. Le soir : lithium et magnesium en alternance (en pondéral et faible dose)
- Massages : avec les huiles essentielles de canaga odorata, citrus aurantium fl. (néroli), petit grain bigaradier et/ou camomille noble ou romaine (chamomilla nobile)
- Symptômes associés
- Inappétence : gentiane jaune + zinc
- Boulimie : griffonia simplicifolia + zinc nickel cobalt
- Troubles sexuels liés au traitement antidépresseur : safran à 0,6 mg de safranal
- Manque de concentration : rhodiole (orpin rose) : 3% rosavine 100 à 300 mg par jour en une prise le matin
- Réveil précoce : Tilleul Bg 1D 1 flacon 125 ml : 1 à 2 gouttes par kg et par jour
Raïssa Blankoff
Le Dr Danièle Roux propose des formations en phyto-aromathérapie à Paris, Lyon et dans le Var. Renseignements : 06 75 12 68 56 ou phyto-ap2@wanadoo.fr