En France, le mot « naturopathie » n’est pas encore entré dans le vocabulaire courant. Et c’est très souvent, quand je me présente en tant que naturopathe, que je m’entends dire : « mais c’est quoi, au juste, la naturopathie ? ». Une question qui peut m’entraîner loin. Une fois que je commence à raconter, vous n’êtes pas sûrs de pouvoir m’arrêter, tant cet art, cette philosophie, cette science de soigner est riche. Disons pour commencer que la naturopathie part du postulat que le corps possède sa propre pharmacie interne : biologique, énergétique, psychologique, mentale, spirituelle. Que tous ces plans sont entremêlés et sont en constante interaction les uns avec les autres. On parle de prise en charge holistique (du grec holos, tout). Que la santé se mesure à la vitalité, dépendant de la fluidité de nos humeurs, en langue moderne de notre métabolisme physique et psychique. Et pour conserver ou améliorer notre capital, une bonne hygiène de vie est l’atout N°1. Cela signifie concrètement que trois volets doivent être respectés : la nutrition, le mouvement et la sphère psychique et psychosomatique. Ce trépied nécessaire et suffisant à l’équilibre de l’organisme constitue la base de la prévention en matière de santé selon la naturopathie.

Nous ne vivons pas dans une bulle, notre organisme est en perpétuel échange avec le monde extérieur et tous nos organes contribuent à l’équilibre des échanges : prendre part, donner et recevoir sans se laisser déborder et intoxiquer. Vivre, c’est  s’ouvrir et se protéger à la fois, à chaque seconde. 

Prenons l’alimentation : elle peut produire d’une part des surcharges en toxiques (traces de pesticides, métaux lourds, polluants de toutes sortes…) ou en certains nutriments par excès (lipides, glucides …) et, d’autre part, des carences en minéraux, vitamines et nutriments. Elle constitue donc la base de la structure de notre corps. Les surcharges vont encrasser les humeurs, gêner leur circulation et surcharger nos émonctoires, filtres par lesquels passent les déchets (intestins, riens, poumons, peau, foie), polluer les cellules parfois jusqu’à leur destruction, neutraliser les neurotransmetteurs ; alors que les carences vont empêcher la régénération des tissus, des cellules, la fabrication des hormones et enzymes nécessaires à tous les métabolismes de l’organisme. Concrètement, il nous faut veiller à consommer des aliments biologiques (AB),  frais, et si possible crus et vivants, comme par exemple les graines germées, non raffinés et non manipulés. Une consommation modérée d’aliments carnés est préconisée. La chrononutrition a ici toute sa place : un petit déjeuner riche en protéines animales, un déjeuner dense (protéines, glucides, légumes crus et cuits), un goûter de fruits et d’oléagineux (noix..) et un dîner léger. Autrement dit, un petit déjeuner de roi, un déjeuner de prince, un dîner de mendiant. La nutrition devient individuelle et répond à des critères multiples : mode de vie, maladies, groupe sanguin, activités physiques, intolérances alimentaires et allergies, goûts. L’attention au repas (plaisir, esthétique, qualités gustatives, tranquillité..) est également un aspect important de la nutrition en naturopathie. 

Pour optimiser les échanges entre les différentes parties de nous-mêmes et aussi avec notre environnement, il est impératif d’être en mouvement : dans notre société hyper sédentarisée, il est impératif de se remettre à bouger chaque fois que l’occasion s’en présente. Notre corps n’est absolument pas fait pour rester assis pendant des heures devant un ordinateur… Le mouvement accentue le fonctionnement des émonctoires comme la transpiration par exemple ; il active la circulation sanguine et lymphatique et permet par conséquent une meilleure élimination des toxiques et des toxines, évitant leur accumulation dans le liquide interstitiel des cellules. Par ailleurs, il favorise l’activation musculaire et le massage des viscères grâce au mouvement du diaphragme provoqué par une respiration bien ample. L’exercice physique permet également une revitalisation du capital énergétique, une libération des tensions émotionnelles, la déconnexion mentale (cortico-diencéphalique), ainsi que des bénéfices sur le plan spirituel (tels que la joie, l’esthétique, le lien avec la nature) et sur le plan socioculturel. Le mouvement, et le souffle qui s’y associe, sont des médicaments bio ! Nous sommes faits pour marcher, bouger et nous tenir debout : un travail corporel journalier minimum est indispensable à notre santé ! La respiration fournit à chaque seconde ce dont notre corps a besoin pour assurer toutes ses réactions chimiques vitales. Respirer petit réduit d’autant notre santé et notre vitalité.  L’exercice physique fait partie à part entière de notre hygiène quotidienne…! Un point non négligeable : notre corps n’est pas une machine, il est essentiel que les mouvements soient accomplis en pleine conscience.  Détachés de nos ressentis, nous ne pouvons être en paix avec nous-mêmes. Cela vaut également pour l’esprit auquel la naturopathie accorde une place majeure.

Raïssa Blankoff