« Seul un changement radical de perspective transformera le cancer en une maladie banale et curable ».

Dans son livre intitulé Le principe de vie, le Dr Laurent Schwartz, cancérologue à la Pitié-Salpêtrière et chercheur à l’Ecole Polytechnique, s’interroge sur l’état actuel de la recherche et de la pensée scientifique : « nous vivons la fin d’une ère en cancérologie, qui s’inscrit dans une forme de désarroi beaucoup plus global… voyez les élections, un coup à droite, un coup à gauche… la question n’est pas de savoir si les systèmes vont craquer mais plutôt ce qui va se passer après. Aujourd’hui, on ne sait pas pourquoi les patients sont malades ni comment les guérir, on oscille entre une science institutionnelle en partie sclérosée et diverses loufoqueries non scientifiques. »

Dr. Schwartz cherche à bousculer les idées reçues, les dogmes établis, le prêt-à-penser médical. Il regrette que les vrais débats soient trop rares, les questions peu ou mal posées, et les réponses éparpillées par milliers : « 1 millions de publications scientifiques par an et plus de 250 millions de sites web sur le cancer! » Et de rappeler les travaux de Virchow, Pasteur et Warburg : leurs grandes découvertes sur le cancer ont près de cent ans, mais se sont retrouvées noyées dans un amoncellement d’informations. « Il est grand temps pour les scientifiques de remettre à plat toutes les hypothèses, de les évaluer, de les comparer, de les analyser, de les rediscuter, afin d’ouvrir de nouvelles perspectives. »  Ainsi, en s’appuyant sur l’histoire de la médecine et de ses découvertes, le Dr. Schwartz propose, pour aller de l’avant, de revenir en arrière : il nous rappelle par exemple, que 60 ans se sont écoulés entre la découverte du bacille de Koch de la tuberculose en 1882 et la guérison de la tuberculose par les antibiotiques.

Selon le Dr. Schwartz, la médecine se cherche : depuis 40 ans, rien de révolutionnaire n’a été accompli, sauf dans le domaine de l’imagerie : « nous nous focalisons sur l’infiniment petit, qui n’est, actuellement, ni à la portée de notre intelligence ni de nos outils. Nous mettons en œuvre des moyens faramineux pour connaître sur le bout des doigts le fonctionnement du génome : ça revient à décrypter le fonctionnement du moteur à explosion pour, peut-être, juste régler un problème d’embouteillages à Paris ! Et si on s’était trompé d’échelle? Et si le mécanisme du cancer était beaucoup plus simple ? Et si la solution à cette énigme était pour bientôt ? »

« Le cancer, dit-il, est aussi vieux que l’homme, il est lié à un processus de vieillissement, et pour pénétrer les mécanismes du vieillissement, il est impossible de faire l’économie d’une question fondamentale : qu’est-ce que la vie ? Et même encore, a-t-elle un sens ?  Mais qui la pose encore ? »

« En rentrant chez vous, ouvrez le Larousse médical, m’a-t-il conseillé, vous serez étonnée ». En effet : j’y ai trouvé trois pages complètes sur le vieillissement et dix lignes sur la vie.

 Laurent Schwartz, Le principe de vie, Editions de la Martinière

Date de la dépêche : 19 avril 2016

Auteur : Raïssa Blankoff