Entrevue du Docteur Mensah, médecin généraliste menée par Raïssa Blankoff, naturopathe-aromathérapeute
La micro-immunothérapie, qu’est-ce c’est ?
Le concept de la micro-immunothérapie repose sur un principe simple, intégrer le système immunitaire dans la prise en charge des maladies courantes. Autrement dit, quelle est la part de responsabilité du système immunitaire dans la genèse des pathologies au quotidien, et pas seulement des pathologies où le système immunitaire est clairement impliqué, comme dans les maladies auto-immunes. Prenons un exemple.
L’hypertension artérielle : on n’a pas l’habitude dans la prise en charge de l’HTA de prendre en compte le système immunitaire. Les traitements actuels, indispensables, régulent les chiffres tensionnels mais au-delà de ceux-ci, ne prennent pas en compte la maladie cardio-vasculaire, ni les aspects inflammatoires de celle-ci. Il est rare que ces maladies soient abordées sur leur versant immunologique. Une fois identifié, le rôle du système immunitaire dans telle ou telle maladie, nous allons chercher à « communiquer » avec celui-ci, et viser à moduler sa réponse de façon à retrouver un meilleur équilibre.
Quand et pourquoi cette thérapie peut-elle être utile?
Dans tous les cas. En effet toute pathologie comporte, à des degrés différents, des implications directes des divers systèmes d’adaptation que sont le système immunitaire , le système endocrinien, et le système nerveux.
Comment se soigne-t-on en micro-immunothérapie?
Le principe repose sur l’administration par voie sublinguale de « signaux » dont se sert le système immunitaire pour mettre en place une réponse immunitaire. Si, par exemple, une personne est contaminée par un virus ou une bactérie, son système va aller chercher une réponse adéquate en activant des messagers qui assurent le transfert des informations entre les différentes cellules du système immunitaire permettant de construire des réponses adéquates. La micro-immunothérapie cherche à moduler ces messagers.
Quels traitements sont utilisés ?
Ce sont des protéines à très faibles dosages, de l’ordre du picogramme, qui correspondent aux premières dilutions utilisées par l’homéopathie. C’est donc sur un support de type homéopathique (granules) que ces molécules diluées sont dispensées par voie buccale. Ces granules vont fondre sous la langue et diffuser rapidement au niveau du circuit lymphatique du plancher buccal. La micro-immunothérapie cherche pour ainsi dire à parler le même langage que le système immunitaire : par exemple, pour combattre le virus de la grippe, nous savons qu’il faudra interpeller les cellules de type TH1( lymphocytes Thelper 1) avec pour objectif de les « booster ». La micro-immunothérapie proposera une formule avec des éléments capables d’orienter le système immunitaire dans cette voie-là. On utilisera ainsi la formule EIDN. En fait, la formule va reproduire pour ainsi dire une partie du message immunitaire originel, l’orienter dans le sens voulu, ici la voie Th1, ce qui aura pour effet de soutenir la lutte antivirale ou antibactérienne.
Pouvez-vous donner quelques exemples de maladies courantes et leur formule ?
L’allergie et la formule ALERG : conjointement aux traitements allopathiques, la formule ALERG permet de diminuer la prise de remèdes chimiques qui agissent, en bout de chaîne, très tardivement, sur la cascade de réactions immunitaires déclenchée par une allergie. La micro-immunothérapie travaille en amont, elle ne va pas empêcher le grain de pollen de déclencher la réaction, mais elle vise à freiner le recrutement de cellules spécifiques de la réponse allergique. Cette thérapie est capable d’interférer avec les réactions cellulaires et de moduler, voire supprimer, les symptômes qui en découlent, et ce en limitant la réaction en chaîne. Souvent, le malade consulte à cause des symptômes mais il est préférable, notamment dans le cas de l’allergie, de commencer le traitement un ou deux mois avant la période allergique, afin de préparer les muqueuses respiratoires et moduler le système immunitaire. Nous arrivons à obtenir des réductions de symptômes sur certains allergènes, ou tout du moins, une forte atténuation. Au fur et à mesure des années, on parvient à modifier l’information de départ, celle qui déclenche la réaction immunitaire et ce, dès que le grain de pollen arrive au niveau du nez. Cela ressemble à une forme de désensibilisation.
Le stress et la formule MISEN : qu’il s’agisse d’un stress psychique ou physique, les conséquences au niveau immunologique seront les mêmes, et la nécessité de moduler le système immunitaire devient impératif. On emploie MISEN par exemple au cours des tensions nerveuses liés à des examens ou dans les suites d’un choc psychologique ou physique, un accident de voiture, par exemple. Les répercussions d’un stress vont concerner le corps entier, en particulier solliciter à la fois le système endocrinien, le système nerveux et le système immunitaire. Le stress peut être abordé sous l’axe d’une détente comme la relaxation, ou en soutenant les glandes surrénales qui produisent le cortisol, hormone liée au stress. En micro-immunothérapie, le stress est pris en charge sur son versant immunitaire. En le modulant, nous parvenons à réduire certains des symptômes associés à ce stress. Comme par exemple la fatigue, Moins on est fatigué, mieux on gère son stress. Moins on est stressé, moins on est fatigué.
Combien de temps dure un traitement?
Le traitement est plus ou moins long car le système immunitaire possède une certaine inertie. Sa complexité l’empêche de bouger vite et en profondeur en même temps. On peut le comparer à un immense paquebot qui fait route. S’il doit changer de cap, il faut qu’il s’y prenne suffisamment à l’avance; dialoguer avec le système immuniatire nécessite délicatesse et patience. Cela signifie donc une prise en charge moyenne qui peut aller de 3-9 mois, voire plus. La Micro-immunothérapie peut être utilisée en préventif ou en curatif : par exemple, en prévention des affections hivernales, le traitement sera pris 10 jours par mois, en curatif ou pour les pathologies chroniques, pendant un ou 2 mois, et plus pour les maladies auto-immunes, comme par exemple la polyarthrite rhumatoïde. Cependant chaque personne possède son propre système immunitaire, c’est la raison pour laquelle on doit s’adapter à chaque patient. Il peut arriver également que certains patients ne répondent pas. Des effets indésirables n’ont quasiment jamais été répertoriés, malgré une veille sanitaire et pharmacologique en cours. Il peut arriver que le patient présente des réactions inattendues, mais sans gravité aucune. Les contre-indications sont : hypersensibilité à l’une des substances actives ou à l’un des excipients contenus dans la formule. Il faut signaler que, comme souvent en homéopathie, les granules comportent du lactose. Le traitement n’a pas été testé sur les femmes enceintes ni allaitantes.
La micro-immunothérapie est-elle compatible avec d’autres approches, comme la micronutrition ou la phytothérapie ?
Non seulement elle est compatible mais c’est une nécessité. L’alimentation, la respiration, le sport, la gestion du stress, modulent eux aussi – et comment ! – le système immunitaire. La micro-immunothérapie s’inscrit dans une stratégie globale d’intervention. Si je prends par exemple la formule EIDN qui aide à moduler la défense anti-virale, je peux renforcer la prise en charge immunitaire par de l’échinacea en phytothérapie, du maïtaké en mycothérapie, les thyms en aromathérapie, une nutrition saine et équilibrée, le sport, et un bon esprit dans la vie.
La micro-immunothérapie s’adresse-t-elle à un public spécifique ?
Non, pas du tout, tout le monde devrait pouvoir en profiter pour prévenir la maladie, en particulier, et s’il fallait citer quelques pathologies, dans les allergies, la prévention des affections hivernales, l’inflammation ou certaines maladies auto-immunes, ainsi qu’en accompagnement des cancers.
Plus d’infos : www.3idi.org
Propos recueillis par Raïssa Blankoff
https://www.passeportsante.net/fr/Actualites/Entrevues/Fiche.aspx?doc=entrevue-immunotherapie