« La technique Alexander est une forme extrêmement raffinée de redéploiement du système musculaire tout entier, et par là, de beaucoup d’organes… » Nikolaas Tinbergen. Extrait de son discours d’investiture du Prix Nobel 1973 de physiologie et de médecine, consacré à la technique Alexander.

Nous sommes un tout indissociable : physique, mental, émotionnel sont en constante interrelation. De l’équilibre de l’ensemble dépend notre justesse d’adaptation aux circonstances de la vie.

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Il n’est pas évident de conserver notre capital de souplesse, de puissance et de légèreté. La combinaison d’un mode de vie sédentaire et hypermental affecte notre potentiel et nous limite petit à petit. Cela se manifeste d’abord au niveau de nos perceptions, nous sommes moins attentifs à nos gestes, à ce que nous ressentons intérieurement et à ce qui nous entoure. Au plan physique, nous souffrons de maux comme l’anxiété, les rhumatismes, la migraine, les lombalgies, la déprime, l’insomnie…
Autrement dit, la façon dont nous utilisons notre corps, peut contribuer à la santé ou, au contraire, lui nuire : c’est à partir de ce constat que F.M. Alexander a mis au point une technique, la technique Alexander, qui conduit à une qualité d’effort et à une amélioration des performances. On y apprend à se tenir avec aplomb, sans rigidité, à être actif sans tension excessive, à appliquer l’effort approprié, ni plus ni moins, dans l’ensemble de nos activités.
Ce sont les artistes, acteurs ou musiciens qui ont d’abord fait appel à cette technique. Elle s’ouvre aujourd’hui à d’autres professionnels, comme des artisans, des sportifs, des webmasters, ou à tous ceux que l’usage de soi intéresse.

Vers 1890, Frederick Matthias Alexander, acteur australien, connaissait des enrouements répétés au moment de ses prestations, ce qui risquait de mettre fin à sa carrière théâtrale. Les médecins ne pouvant déceler aucune cause physiologique, il pensa qu’il provoquait peut-être lui-même le problème et amorça, notamment à l’aide de miroirs, une intense observation de sa posture et de sa technique vocale. « Il s’aperçut, entre autres, qu’il basculait la tête en arrière et qu’il l’enfonçait légèrement dans ses épaules au moment de l’inspiration, juste avant de se lancer dans la déclamation. De la même façon, rien que la pensée de réciter déclenchait les mêmes réflexes. Il remarqua qu’en temps normal, il se comportait ainsi également, mais de façon moins exagérée», explique Andrea Beesley, professeur de la technique à Paris. « C’est alors que lui vint l’idée suivante : tenter tout simplement d’inhiber la réaction habituelle, ce qui permettrait de laisser un temps au corps pour trouver un moyen de changer. »

Il lui fallut près de 10 ans pour trouver une voie d’amélioration sur lui-même. Ensuite, des gens de scène commencèrent à venir le consulter et des médecins lui envoyèrent des patients. Il s’installa à Londres et l’enseignement devint sa principale occupation pendant les 50 années suivantes. Plusieurs scientifiques, dont Sir Charles Sherrington, considéré comme le père de la neurologie moderne, témoignèrent publiquement du bien-fondé de cette approche. A 79 ans, il réussit à retrouver le contrôle moteur après une paralysie latérale causée par un accident vasculaire cérébral. Il enseigna jusqu’à sa mort à l’âge de 86 ans en 1955. Il est considéré comme un des pionniers dans le domaine de la conscience corporelle. Trois ans après sa mort, la Society of Teachers of the Alexander Technique (STAT)* vit le jour à Londres, elle demeure jusqu’à ce jour le principal organisme fédérateur. On trouve plus de 2500 praticiens dans le monde entier. Cette technique fait partie du programme d’études de plusieurs écoles de musique et de théâtre, dont le CNSMD à Paris.

Du meilleur usage de soi

La plupart du temps, en nous levant, nous reculons et enfonçons la tête, raccourcissons, ce faisant, les muscles du cou, au lieu de leur permettre de rester allongés, avec pour conséquence une crispation tête-cou-dos quasi automatique, définie comme le « Startle reflex », le schéma de sursaut. Quand une crispation n’est pas rapidement dispersée, l’organisme s’y adapte. « Par exemple, montre Andrea, à peine se prépare-t-on à se lever qu’on se contracte déjà, avant même de faire le moindre mouvement, la pensée fait anticiper le corps. »
La technique pour désapprendre est simple, mais demande un réel investissement personnel : elle repose sur une prise de conscience de son attention et sur un apprentissage destiné à se donner des directions mentales que notre corps suivra de lui-même : il lâchera les tensions raccourcissantes inutiles, sans qu’on puisse nommer cela un relâchement.
Par exemple, éloigner la tête des hanches par la pensée, ne provient pas de la volonté et ne correspond ici à aucune action mécanique ; il ne s’agit pas de répondre à une injonction du type « il faut que je me tienne droite », non, l’action physique est la conséquence de la pensée. L’information ne délivre pas une position à tenir mais une direction, c’est-à-dire qu’il s’agit d’envoyer un message de la tête vers une partie du corps, avec pour résultat une sensation nouvelle et un changement dans tout le corps. Il faut être attentif à ne pas court-circuiter l’effet par impatience ou découragement. Notez que chaque expérience amène une sensation nouvelle. Il est donc inutile de répéter une expérience qui a réveillé une sensation en cherchant à nouveau cette même sensation sans repasser par l’expérience, c’est inutile car chaque expérience débouche sur une sensation nouvelle, liée à un processus de renouvellement.

Gabriel et son violon

« C’est grâce à la Technique Alexander que j’ai pu reprendre mon violon, raconte Gabriel, musicien dans un grand orchestre français. Il y a 10 ans de cela, j’avais de telles douleurs musculaires que j’ai été arrêté en longue maladie professionnelle. Mon dos était totalement contracté en permanence, et les médecins que je consultais, ne voyant rien, me prenaient pour un affabulateur. Ils me prescrivaient de la cortisone qui durcit les tissus puis les casse. Je me suis alors tourné vers l’association « Médecine des arts ». J’ai fait trois séances de kinésithérapie par semaine (massages et exercices) pendant 5 mois sans percevoir la moindre amélioration. Le kiné voulait me réapprendre à tenir mon violon ! Miraculeusement, lors d’une présentation de différentes techniques à laquelle j’ai eu la chance d’assister, j’ai découvert la Technique Alexander. Et grâce à Guy-Vincent AKNIN**, professeur de la Technique Alexander au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, j’ai pu reprendre mon violon dès le deuxième jour, et j’ai repris ma place à l’orchestre après 3 semaines. J’ai travaillé avec lui tous les jours pendant 15 jours. La Technique Alexander, c’est une école du non vouloir, il s’agit de laisser le corps se soigner tout seul. On remplace le « je veux » (même « je veux me détendre ») par « je refuse. »
Cela signifie concrètement que je pars en exploration mentale de mon corps : j’essaie de porter mon attention à tout mon corps, sans bouger. Je peux m’équiper d’une torche mentale pour aller balayer les recoins moins accessibles. Le professeur est là pour aider à prendre contact avec les muscles plus enfouis, les endroits qui ne se laissent pas visiter facilement. Le but : recueillir des sensations, se sentir. Et c’est valable pour tous les mouvements de la vie, couper sa viande, porter un sac…
J’ai constaté des progrès dans ma pratique instrumentale, et dans tout ce qui entraîne un geste répétitif, écrire, s’asseoir. J’ai appris à utiliser juste la force nécessaire, il m’arrive même parfois d’être top laxe, au point de laisser tomber des objets.
L’apprentissage de cette technique a tout changé dans ma vie. Le maître mot est REFUSER. »

La leçon

Le professeur guide les gens à s’aider eux-mêmes : grâce à un toucher subtil, à des indications verbales, le professeur assiste l’élève dans le changement de sa manière de penser et de bouger, ce qui affine son sens de l’observation ainsi que sa conscience de lui-même et de son environnement. Ce travail favorise la réorganisation physique et mentale. Il peut s’effectuer autour de situations ou de mouvements particulièrement pertinents, que ce soit le chant, le jeu instrumental, le travail devant l’ordinateur ou une pratique sportive. Toute l’attention est portée à l’équilibre de la tête et à tout le corps pour permettre l’allongement de la colonne vertébrale au cours de mouvements tels que se lever, marcher, se baisser et porter.
Cette partie est souvent complétée par un travail en position allongée, qui permet une libération de l’appareil musculaire dans une position de détente. Une seule leçon procure déjà un sentiment de bien-être immédiat. L’élève constate une meilleure fiabilité de ses propres perceptions et sensations. Considérée dans le cadre de la formation professionnelle, elle peut être prise en charge. Il est recommandé de suivre 30 leçons de 45 minutes, à raison de 3 leçons par semaine les 2-3 premières semaines, puis 2 fois par semaine, ensuite une fois par semaine. Comme chez le dentiste, on évite d’attendre que ça fasse mal pour revenir. Il est utile de prévoir des séances de rappel, qui permettent une intégration de plus en plus facile à sa vie quotidienne.
Le cours se déroule habillé mais sans chaussures.
Une séance coûte en moyenne 45 euros avec des variations de 30 à 100 euros, certains professeurs prévoient la possibilité d’un abonnement.

Cristobal  vit une transformation complète grâce à la prise en charge de M. Guy Vincent Aknin

Je suis chercheur en physique et professeur en classes préparatoires en mathématiques. J’ai fait une analyse pendant de longues années, mais je restais extrêmement timide et maladroit, j’avais de grandes peurs, je restais régulièrement en retrait dans la vie sociale. J’ai pris des cours de technique Alexander pendant 5 mois et demi et maintenant à raison de 3 cours par semaine. L’effet des cours a été quasi immédiat, disons qu’en deux semaines les personnes autour de moi ont remarqué des différences notables dans mon comportement.  Sans parler d’aujourd’hui où ma personnalité est simplement à l’opposé de ce qu’elle était : je suis sociable, extraverti, très sûr de moi, véritablement serein, mon analyste me disait avant hier que les résultats de cette technique sont tout simplement impressionnants. Cette technique m’a paru simple dès le premier cours. Elle demande un certain investissement personnel mais pas trop, disons, il s’agit de suivre sérieusement les conseils du professeur. A part cela, il faut juste d’aller au cours, s’entrainer un peu chez soi si l’on y pense, voilà tout. La technique qui est orientée vers le corps m’a permis d’effectuer un changement radical dans ma vie, en direction des autres, et je le répète en un temps extrêmement court. Je veut signifier par là qu’elle ouvre à celui qui la pratique en fait toutes les possibilités, c’est à dire qu’elle rend possible un comportement qui n’aurait même pas été envisageable avant, et donc elle rend possible certains projets (et surtout elle ouvre de nouvelles portes et apporte en quelque sorte de nouveaux projets)Tous les timides savent ce que signifie se confondre en mille excuses dès que quelqu’un leur marche sur un pied, sursauter au moindre bruit de klaxon à côté d’eux, hésiter une minute avant d’entrer dans un lieu public. S’ils désirent changer, avec la technique Alexander, ils pourront en un mois être celui qui parle d’une voix sûre et posée à un groupe de plusieurs personnes, prendre leur place dans n’importe quel lieu sans agressivité aucune, mais avec la plus grande assurance, se tenir droit sans crainte, ne plus avoir peur des autres, aller vers les autres et leur parler etc….

Indications

Depuis plus de cent ans, des dizaines de milliers de personnes ont utilisé cette méthode pour gérer leur stress, retrouver un dos en bonne santé ou améliorer leur état général. Elle est particulièrement efficace sur le système nerveux et le système ostéo-articulaire ; elle est indiquée dans les cas de lombalgie et de sciatique chroniques, de tassement vertébral, insomnie, maux de tête, timidité, traumas liés à un accident ou aux mouvements répétitifs de certains métiers Elle améliore la qualité de vie des patients atteints de la maladie de Parkinson. Elle est applicable à tous les gestes du quotidien. Il n’existe aucune contre-indication pour les enfants et les femmes enceintes (si l’élève n’a jamais reçu de leçon de Technique Alexander avant sa grossesse, elle ne reçoit sa première leçon qu’à la fin du troisième mois).

Une enquête sur les résultats de la technique montre qu’après 24 leçons le nombre moyen d’activités limitées à cause du mal de dos a chuté de 42% et que le nombre de jours de douleurs a diminué de 21 jours à 3 jours par mois. Les gens interrogés disent se sentir plus grands, plus libres, et constatent que leur équilibre est plus solide.

Enseignement à Montpellier, Lyon, , Tours, Limoges, Bretagne.
Universités et conservatoires dans le monde, dont le Conservatoire de musique de Bruxelles, la Julliard School of Performing Arts de New York, la Royal Academy of Dramatic Arts de Londres.
En France, la Technique Alexander est enseignée à l’Orchestre national de Lille, au CNSMD de Paris, à la Maîtrise de Radio France, à l’ENSATT de Lyon, au CEFEDEM de Normandie, dans divers conservatoires et écoles de théâtre de province et dans le milieu médical.
Les pays qui la pratiquent le plus sont les pays anglo-saxons, l’Allemagne et Israël.

*STAT, association-mère de Londres, www.stat.org.uk ; ilia@stat.org.uk ; tel. : 0 207 482 51 35

L’Association française APTA regroupe les professeurs diplômés. Diplôme obtenu en 3 ans.
www.techniquealexander.info
techniquealexander@yahoo.fr

**Guy-Vincent AKNIN, professeur de la Technique Alexander au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris aux élèves chanteurs,instrumentistes et danseurs depuis 1985, 92 Av. Philippe Auguste 75011 Paris Tél : 0143791878 et 0612285707 akningv@aol.com

Date de la dépêche : 26 février 2009

Auteur : Raïssa Blankoff